D’Eugène Ionesco :
Quatrième de couverture :
Marguerite, se dirigeant vers le Roi : Sire, je dois vous mettre au courant.
Marie : Non, taisez-vous.
Marguerite, à Marie : Taisez-vous.
Marie, au Roi : Ce n'est pas vrai ce qu'elle dit.
Le Roi : Au courant de quoi ? Qu'est-ce qui n'est pas vrai ? Marie, pourquoi cet air désolé ? Que vous arrive-t-il ?
Marguerite, au Roi : Sire, on doit vous annoncer que vous allez mourir.
LE MÉDECIN : Hélas, oui, Majesté.
Mon avis :
Le Roi n’a plus qu’une heure
et demie à vivre, et avec lui son royaume va s’éteindre. Un état qui n’est
plus, seul cinq de ses sujets non pas encore disparut, et parce qu’il se mure
dans son entêtement à vouloir rester en vie, son royaume s’effrite, et perd de
sa beauté. Il diminue, s’affaisse et disparait tout comme l’homme qui y règne.
Chacun à leur tour, les deux
épouses, le médecin, la femme de chambre et le garde, vont s’engager à le faire
réagir. Lui montrer le chemin. Celle de sa fin. Mais quand pour la plupart, l’acceptation
de leurs prochaines disparitions ne fait plus aucun doute, pour Marie, la
seconde épouse, le déni est encore belle et bien présent. Son insouciance et
son influence auprès du roi rendent celui-ci emplit de doute. Confrontant les dires des autres
protagonistes, en les tournants au ridicule… Un peu comme l’avocat du Diable.
J’ai eu le sentiment que la
première épouse, Marguerite était l’annonciatrice de la mort elle-même. Sa voix
posée ne laisse place à aucun doute. L’acceptation de sa future disparition n’est
plus un obstacle pour elle. Elle est le pilier de cette chute, son soutient
face à sa destinée. L’ange de la mort…
Il est difficile de donner mon
avis sur cette pièce, vu la rapidité de ma lecture, et le peu de contenant. Ce
n’est pourtant pas une critique négative, bien au contraire.
Le Roi se meurt, est assez
explicite dans la trame principale. Pas de surprise, ce n’est qu’une longue
agonie, décrite par six voix différentes, d’un homme qui ne veut pas mourir.
Dit comme cela, on pourrait penser
qu’il s’agit d’un texte bien sombre et insipide. Il est vrai que ce n’est pas
un thème très agréable, mais l’auteur joue avec les émotions du Roi, en décortiquant
peu à peu les différents degrés d’acceptation de sa future mort.
A travers son refus d’en
terminer avec la vie, j’y ai redécouvert mes cours de psychologie sur les
phases du deuil (ou de l’acceptation de la mort). Le Déni, la Colère, le
Marchandage, la Dépression et enfin l’Acceptation.
De manière détournée, Ionesco
nous pousse vers ces différentes étapes, en suivant ce Roi à la dérive…
J’ai passé un très agréable
moment, c’est une pièce que j’aimerai pouvoir découvrir par le billet du jeu d’acteur…
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