Quatrième de couverture :
Un groupe d’Élite, formé dès l'enfance à
faire face, part des confins d'une terre féroce, saignée de rafales, pour aller
chercher l'origine du vent.
Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud
de courage : la Horde. Ils sont piliers, ailier, traceur, aéromaître et
géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur
monde debout, à pied, en quête d'un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un
horizon fou.
Expérience de lecture unique, La Horde du Contrevent est un
livre-univers qui fond d'un même feu l'aventure et la poésie des parcours, le
combat nu et la quête d'un sens profond du vivant qui unirait le mouvement et
le lien. Chaque mot résonne, calque, fuse : Alain Damasio joue de sa plume
comme d'un pinceau, d'une caméra ou d'une arme...
Chef-d’œuvre porté par un
bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix
de l'Imaginaire.
Mon avis :
Conseillée par une amie qui l’avait
dévoré, et prétextant une Lecture Commune, organisé par Julien le Naufragé, je
débutais mon initiation vers l’Extrême-Amont.
Je note dans un premier temps, qu’un
marque-page a été ajouté à ma lecture. Bien heureux celui qui y a pensé, inscrit dessus, le nom des 23 hommes et femmes, composant la Horde.
Il me fut très utile au court de ma
lecture, m’y référant assez souvent, histoire de ne pas me perdre dans tous ces
personnages.
Je fus également très vite attiré par la
numérotation des pages, trouvant très amusant et ingénieux d’inverser l’ordre
de façon à nous rapprocher, un peu comme eux, de la fin de notre quête.
Pourtant,
mon entrée dans ce monde fut des plus difficiles. J’ai eu quelques
découragements, ne comprenant pas le style de l’auteur. J’ai lu plusieurs pages
avant de réaliser qu’à chaque paragraphe, le narrateur changeait. Pour les différencier,
un symbole spécifique à chacun, précède son début de prise de position.
Il me fallut également un temps
important pour me familiariser et m’apprivoiser ce nouveau code, plusieurs mots
m’étaient totalement inconnus, et certaines
tournures de phrases ont nécessité, pour ma part, une relecture assidue.
Mais passé une dizaine de feuilles, je
me suis laissée emportée par ce groupe impressionnant, courageux, fort et
méritant.
Ma lecture ne fut pas pour autant moins
difficile.
Le texte est dense, les descriptions et explications
détaillées à outrance et je me suis surprise plusieurs fois à sauter des
lignes, histoire d’alléger ma lecture.
Il faut le reconnaitre, je n’avais
jamais ressentie, pour un livre, cette sensation de ne faire qu’un avec les personnages.
Chaque phrases, chaque actions, chaque contre, me rendaient essoufflée.
J’avais l’impression d’être dans le Pack, face au vent, souffrant, luttant,
serrant les dents, bandant mes muscles pour affronter les éléments.
Il m’a fallu d’ailleurs prendre du recul. Je
frisais la crise cardiaque tant mon cœur et mon souffle vivaient en symbiose
avec la Horde. J’ai eu dans les premiers jours, une sensation de stress intense
que je ne m’expliquais pas… alors que ma vie tourne parfaitement, j’étais oppressée,
je me sentais bizarre, j’avais mal aux tripes… et j’ai réalisé que je m’étais
immergée totalement dans ce groupe, quitte à ne plus pouvoir faire la
différence entre la vie réelle et ma lecture.
C’est LE plus gros point positif de ce
livre. Cette sensation de ne faire qu’un avec lui. Je n’avais jamais ressenti
ça ! Impressionnant !
L’univers et le langage instauré par
l’auteur m’ont souvent rendu admirative. Créer de toute pièce, ce monde ; attribuant
un style pour chaque membre, leur langage, leurs actes, leurs fonctions au sein
de la bande, leurs réflexions et analyses sur l’Extrême-Amont, sur leur
parcours, leurs attentes… ; les situations de plus en plus chaotiques,
désespérantes.
Chaque souffle me donnait l’impression de
me prendre de pleine face ce vent violant
et incessant.
La Horde, créée dans le but d’une quête
perpétuelle. Un contre solitaire et solidaire. Un personnage
à lui seul, qui me parait être une entité propre. Une sorte de chenille compacte
à plusieurs membres, qui se déplacent en un rythme routinier. Une cadence
infernale et quotidienne entrainée par Golgoth, le traceur.
Je me suis souvent
représentée ce personnage tel un bloque insubmersible, qui grâce à sa volonté
propre, entraine ses hommes jusqu’au bout… Un ours au langage grossier, un chef
respecté malgré ses défauts, un peu trop nombreux.
Viennent se joindre à lui, Pietro, le
prince ; Erg le combattant-protecteur ; Horst et Karst, les jumeaux ailiers ;
Oroshi, l’aéromaitre ou bien Callirhoé, la feuleuse…
Mais c’est Sov et Caracole qui ont sur
retenir toute mon attention. J’ai aimé leurs mots, leurs explications, la façon
qu’ils avaient de narrer leurs aventures. Mais également, leur amitié.
Caracole est mystérieux, tel le
troubadour qu’il est, ses dires sont poétiques, et énigmatiques… J’ai particulièrement
apprécié la joute qu’il partage avec Sélème le Stylite dans la cité d’Alticcio.
Un grand moment dans ce livre.
Sov, lui, ne pouvait que m’attirer. Un
scribe, qui se borne au début, à phraser le vent. Chacun de ses passages m’a
plus et j’ai été heureuse de pouvoir l’accompagner jusqu’au bout.
L’histoire va crescendo. Je m’imaginais
à chaque fin de chapitre que la suite ne pouvait pas être plus difficile. Plus
j’avançais, plus l’avenir de cette Horde me semblait critique, incertaine… J’ai
réalisé qu’elle n’avait pas d’avenir, que sa vie entière ne serait que « contre
» ; « pack » ; « resserrage de rangs » ; « formation en goutte d’eau ; en
lance-pierre »…
Une chose est certaine, pour lire ce
livre il ne faut pas avoir l'âme suicidaire… car son univers est dur ; brut ;
froid et hostile, il n’y a pas d’avenir pour ce groupe, et étant imprégné
par eux, nous nous identifions totalement à leurs émotions…
Pour éviter les idées noires, j’ai donc
opté pour un second livre en parallèle. Plus calme, et qui m’a du coup aidé à
parcourir cette planète de façon plus sereine. Affronter les éléments pendant
toute un livre de 700 pages m’a fait penser à un parcours du combattant.
J’en ressorts chamboulée, vidée…
Je ne serais dire encore maintenant si
j’ai aimé ou non ce livre… je ne sais même pas si j’ai réussi à vous faire
partager mon ressenti tant il est chaotique. J’ai l’impression qu’un Furvent balaye ma cervelle et m’empêche
de penser concrètement au plaisir qu’il m’a procuré. C’est un peu flou, c’est distordu,
et comme le vent il fuit s’en me donner de réponse…
&&&
Les avis des autres lecteurs : Julien Le Naufragé ; Craklou ; Julieblack : Reveline ; Lily Tigre ; Ptitetrolle ; Archibald
Ton avis m'intrigue, peut-être qu'un jour je me lancerai dans cette grande aventure. En tout cas ça avait l'air difficile pour toi... ça donne à réfléchir avant de se lancer =)
RépondreSupprimeroui, je pense qu'il faut s'armer de courage pour affronter le vent ^^
RépondreSupprimerQue tu l'ais aimé ou pas, finalement il a été une chose pour toi : un évènement, une sensation, ... Il ne t'as pas laissée indifférente. Après que tu aimes ou pas le côté verbeux du style de Damasio, c'est autre chose. A chacun d'apprécié ou pas. Moi, cela m'a emporté dans un tourbillon de phrases sans oublier la lutte face au vent... Merci de ton avis qui est bien fait! Et au plaisir de partager d'autres lectures ensemble.
RépondreSupprimerde même Julien, merci pour cette LC
RépondreSupprimerJe suis ressortie aussi perplexe que toi de ma lecture. Il m'a fallu quelques jours de recul pour décider que j'avais adoré. ^^'
RépondreSupprimerje suis dans la même constatation que toi après quelques jours. je trouve se livre particulièrement hallucinant ! ^^
RépondreSupprimerC'est un livre qui reste en tête pendant des mois. Je l'ai tellement aimé (même si j'avais deviné la fin) que je l'offre à mes amis pour leur faire réaliser que la fiction ne se limite pas à des batailles à coup de pistolets laser dans de grands vaisseaux.
RépondreSupprimerJ'ai lu plus de mille romans de SF et je classerais celui-ci dans le top 20.
C'est un livre qui se "mérite" faites l'effort, vous ne le regretterez pas.
Un dernier conseil, pour entrer dans cet univers, surtout ne lisez pas cinq pages avant de vous endormir, offrez-lui de votre temps, et si pendant votre lecture, le vent souffle, un "vrai" vent comme le Mistral, vous aurez l'impression d'être un membre de la horde.
merci pour ton commentaire. je suis comme toi, je le conseil à tout mon entourage...
RépondreSupprimerBien sûr que tu l'as aimé. Vu comment tu en parles tu ne peux qu'avoir aimé mais tu restes encore sous le choc!
RépondreSupprimerBon rétablissement Pimousse
:) ça doit être ça en faite, j'étais sous le choc de cette lecture et du coup j'étais incapable de savoir si j'avais vraiment aimé, tant j'ai souffert avec eux =)
RépondreSupprimermais avec quelques semaines derrières moi, je peux effectivement dire que ce livre est excellent !