samedi 17 décembre 2011

La Horde du Contrevent

D'Alain Damasio

Quatrième de couverture :

Un groupe d’Élite, formé dès l'enfance à faire face, part des confins d'une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l'origine du vent.

Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont piliers, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d'un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou.
Expérience de lecture unique, La Horde du Contrevent est un livre-univers qui fond d'un même feu l'aventure et la poésie des parcours, le combat nu et la quête d'un sens profond du vivant qui unirait le mouvement et le lien. Chaque mot résonne, calque, fuse : Alain Damasio joue de sa plume comme d'un pinceau, d'une caméra ou d'une arme...
Chef-d’œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l'Imaginaire.

Mon avis :

Conseillée par une amie qui l’avait dévoré, et prétextant une Lecture Commune, organisé par Julien le Naufragé, je débutais mon initiation vers l’Extrême-Amont.

Je note dans un premier temps, qu’un marque-page a été ajouté à ma lecture. Bien heureux celui qui y a pensé, inscrit dessus, le nom des 23 hommes et femmes, composant la Horde.
Il me fut très utile au court de ma lecture, m’y référant assez souvent, histoire de ne pas me perdre dans tous ces personnages.
Je fus également très vite attiré par la numérotation des pages, trouvant très amusant et ingénieux d’inverser l’ordre de façon à nous rapprocher, un peu comme eux, de la fin de notre quête.

Pourtant, mon entrée dans ce monde fut des plus difficiles. J’ai eu quelques découragements, ne comprenant pas le style de l’auteur. J’ai lu plusieurs pages avant de réaliser qu’à chaque paragraphe, le narrateur changeait. Pour les différencier, un symbole spécifique à chacun, précède son début de prise de position.
Il me fallut également un temps important pour me familiariser et m’apprivoiser ce nouveau code, plusieurs mots m’étaient totalement inconnus, et certaines  tournures de phrases ont nécessité, pour ma part, une relecture assidue.
Mais passé une dizaine de feuilles, je me suis laissée emportée par ce groupe impressionnant, courageux, fort et méritant.
Ma lecture ne fut pas pour autant moins difficile.
Le texte est dense, les descriptions et explications détaillées à outrance et je me suis surprise plusieurs fois à sauter des lignes, histoire d’alléger ma lecture.

Il faut le reconnaitre, je n’avais jamais ressentie, pour un livre, cette sensation de ne faire qu’un avec les personnages.
Chaque phrases, chaque actions, chaque contre, me rendaient essoufflée. J’avais l’impression d’être dans le Pack, face au vent, souffrant, luttant, serrant les dents, bandant mes muscles pour affronter les éléments.
 Il m’a fallu d’ailleurs prendre du recul. Je frisais la crise cardiaque tant mon cœur et mon souffle vivaient en symbiose avec la Horde. J’ai eu dans les premiers jours, une sensation de stress intense que je ne m’expliquais pas… alors que ma vie tourne parfaitement, j’étais oppressée, je me sentais bizarre, j’avais mal aux tripes… et j’ai réalisé que je m’étais immergée totalement dans ce groupe, quitte à ne plus pouvoir faire la différence entre la vie réelle et ma lecture.

C’est LE plus gros point positif de ce livre. Cette sensation de ne faire qu’un avec lui. Je n’avais jamais ressenti ça ! Impressionnant !
L’univers et le langage instauré par l’auteur m’ont souvent rendu admirative. Créer de toute pièce, ce monde ; attribuant un style pour chaque membre, leur langage, leurs actes, leurs fonctions au sein de la bande, leurs réflexions et analyses sur l’Extrême-Amont, sur leur parcours, leurs attentes… ; les situations de plus en plus chaotiques, désespérantes.
Chaque souffle me donnait l’impression de me prendre de pleine face ce vent violant et incessant.

La Horde, créée dans le but d’une quête perpétuelle. Un contre solitaire et solidaire. Un personnage à lui seul, qui me parait être une entité propre. Une sorte de chenille compacte à plusieurs membres, qui se déplacent en un rythme routinier. Une cadence infernale et quotidienne entrainée par Golgoth, le traceur. 
Je me suis souvent représentée ce personnage tel un bloque insubmersible, qui grâce à sa volonté propre, entraine ses hommes jusqu’au bout… Un ours au langage grossier, un chef respecté malgré ses défauts, un peu trop nombreux.


Viennent se joindre à lui, Pietro, le prince ; Erg le combattant-protecteur ; Horst et Karst, les jumeaux ailiers ; Oroshi, l’aéromaitre ou bien Callirhoé, la feuleuse…
Mais c’est Sov et Caracole qui ont sur retenir toute mon attention. J’ai aimé leurs mots, leurs explications, la façon qu’ils avaient de narrer leurs aventures. Mais également, leur amitié.
Caracole est mystérieux, tel le troubadour qu’il est, ses dires sont poétiques, et énigmatiques… J’ai particulièrement apprécié la joute qu’il partage avec Sélème le Stylite dans la cité d’Alticcio. Un grand moment  dans ce livre.
Sov, lui, ne pouvait que m’attirer. Un scribe, qui se borne au début, à phraser le vent. Chacun de ses passages m’a plus et j’ai été heureuse de pouvoir l’accompagner jusqu’au bout.

L’histoire va crescendo. Je m’imaginais à chaque fin de chapitre que la suite ne pouvait pas être plus difficile. Plus j’avançais, plus l’avenir de cette Horde me semblait critique, incertaine… J’ai réalisé qu’elle n’avait pas d’avenir, que sa vie entière ne serait que « contre » ; « pack » ; « resserrage de rangs » ; « formation en goutte d’eau ; en lance-pierre »…
Une chose est certaine, pour lire ce livre il ne faut pas avoir l'âme suicidaire… car son univers est dur ; brut ; froid et hostile, il n’y a pas d’avenir pour ce groupe, et étant imprégné par eux, nous nous identifions totalement à leurs émotions…
Pour éviter les idées noires, j’ai donc opté pour un second livre en parallèle. Plus calme, et qui m’a du coup aidé à parcourir cette planète de façon plus sereine. Affronter les éléments pendant toute un livre de 700 pages m’a fait penser à un parcours du combattant.

J’en ressorts chamboulée, vidée…

Je ne serais dire encore maintenant si j’ai aimé ou non ce livre… je ne sais même pas si j’ai réussi à vous faire partager mon ressenti tant il est chaotique. J’ai l’impression qu’un Furvent balaye ma cervelle et m’empêche de penser concrètement au plaisir qu’il m’a procuré. C’est un peu flou, c’est distordu, et comme le vent il fuit s’en me donner de réponse…

&&&

Les avis des autres lecteurs : Julien Le NaufragéCraklouJulieblack : Reveline ; Lily Tigre ; Ptitetrolle ; Archibald

10 commentaires:

  1. Ton avis m'intrigue, peut-être qu'un jour je me lancerai dans cette grande aventure. En tout cas ça avait l'air difficile pour toi... ça donne à réfléchir avant de se lancer =)

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  2. oui, je pense qu'il faut s'armer de courage pour affronter le vent ^^

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  3. Que tu l'ais aimé ou pas, finalement il a été une chose pour toi : un évènement, une sensation, ... Il ne t'as pas laissée indifférente. Après que tu aimes ou pas le côté verbeux du style de Damasio, c'est autre chose. A chacun d'apprécié ou pas. Moi, cela m'a emporté dans un tourbillon de phrases sans oublier la lutte face au vent... Merci de ton avis qui est bien fait! Et au plaisir de partager d'autres lectures ensemble.

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  4. Je suis ressortie aussi perplexe que toi de ma lecture. Il m'a fallu quelques jours de recul pour décider que j'avais adoré. ^^'

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  5. je suis dans la même constatation que toi après quelques jours. je trouve se livre particulièrement hallucinant ! ^^

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  6. C'est un livre qui reste en tête pendant des mois. Je l'ai tellement aimé (même si j'avais deviné la fin) que je l'offre à mes amis pour leur faire réaliser que la fiction ne se limite pas à des batailles à coup de pistolets laser dans de grands vaisseaux.
    J'ai lu plus de mille romans de SF et je classerais celui-ci dans le top 20.
    C'est un livre qui se "mérite" faites l'effort, vous ne le regretterez pas.
    Un dernier conseil, pour entrer dans cet univers, surtout ne lisez pas cinq pages avant de vous endormir, offrez-lui de votre temps, et si pendant votre lecture, le vent souffle, un "vrai" vent comme le Mistral, vous aurez l'impression d'être un membre de la horde.

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  7. merci pour ton commentaire. je suis comme toi, je le conseil à tout mon entourage...

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  8. Bien sûr que tu l'as aimé. Vu comment tu en parles tu ne peux qu'avoir aimé mais tu restes encore sous le choc!
    Bon rétablissement Pimousse

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  9. :) ça doit être ça en faite, j'étais sous le choc de cette lecture et du coup j'étais incapable de savoir si j'avais vraiment aimé, tant j'ai souffert avec eux =)
    mais avec quelques semaines derrières moi, je peux effectivement dire que ce livre est excellent !

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